Port de Nice, hier matin. Le mât du « Patriac'h » se balance doucement. Sur le pont de la goélette, la chaleur est déjà accablante et huit jeunes matelots s'affairent. Ils ont 10,12 ou 15 ans. S'appellent Florian, Jules ou Mylène. Ils bouclent leur paquetage, partent pour une odyssée sur les traces d'Ulysse... On se croirait au début d'une aventure de Tintin, à la première page d'un carnet de voyages à la Corto Maltese...

De l’hôpital à Ithaque

On est au tout début d'une belle aventure. Une belle histoire de vie et d'espoir : l'année dernière, tous ces adolescents étaient cloués sur un lit d'hôpital. A Nice, à Marseille, à Paris. Gravement malades. La vie suspendue à un fil. Aujourd'hui, en rémission, Florian, Jules, Mylène et les autres partent pour une expédition de quatre semaines.  Direction : Céphalonie, Ithaque, Zante... Au programme : observation des cétacés et enquêtes sur les pollutions en mer en partenariat avec les scientifiques du Centre de découverte du monde marin de Nice.
« Vivre sur un bateau, c'est créer la distance et le temps nécessaires pour retrouver les composants d'une personnalité abîmée par la maladie », explique Marie-Noëlle Levaux, la présidente de l'association « Les matelots de la vie » qui organise, pour la 6e fois, le périple grâce notamment à un financement de la Ville de Nice.

« Bats-toi »

« Chaque jour », poursuit Marie-Noëlle Levaux, « les matelots de la vie envoient, via Internet, des reportages, des photos et des textes aux enfants hospitalisés à Necker, à la Timone.... Ils leur envoient aussi une énigme quotidienne... » Une énigme et un message d'espoir.
« C'est un souffle, comme une nouvelle vie », rayonne Mylène, 15 ans. L'an dernier, elle souffrait d'un lymphome à grandes cellules : « Je ne pouvais pas aller au soleil, pas aller en cours, je ne pouvais recevoir qu'une personne à la fois dans ma chambre d'hôpital. Je suivais l'expédition des matelots de la vie, les infirmières, tout le service était à fond dans l'aventure... Parce que quelque part, ça voulait dire "Bats-toi, on y est arrivés, toi aussi tu peux le faire...". Et cette année, je pars...»

Photo : Les petits matelots de la vie larguent les amarres pour une aventure qui les conduira sur les traces d’Ulysse, en mer ionienne. Ils rentreront à Nice, le 6 août. (Photo Cyril Dodergny)

« Bon voyage »

Régis a 12 ans. Il regarde les derniers préparatifs de la goélette. Un peu à regret : « On aimerait tous prendre te large ». Mais pas vraiment » : « Je suis parti l'année dernière : J'ai vu les îles Eoliennes, le Stromboli... Maintenant, j'aide tes autres ». Souffrant depuis l'âge de 7 ans dé la maladie de Hogdin, ce petit Niçois a persuadé sa ville de s'engager financièrement dans l'aventure. Il a convaincu l'adjointe déléguée à l'environnement, Véronique Paquis et le maire Christian Estrosi, lequel est venu, souhaiter « bon voyage » aux jeunes matelots de la vie.